La dignité humaine est une problématique plus qu’actuelle. Le but de la dignité humaine a un versant à la fois négatif et positif. Le versant positif montre que le principe de dignité humaine sert à énoncer comment il faut traiter les êtres humains ; et le versant négatif comment il ne faut pas les traiter. Nous avons à nous laisser interpeler par elle, dans la fondation de notre foi pour notre vie humaine, sociale, professionnelle et chrétienne.
Parlant de l’approche étymologique, le mot dignité vient du latin "dignitas", de "decere" qui signifie convenir, être convenable. Parler de dignité dans son origine latine invite à agir de manière convenable envers la personne humaine, à poser des actes qui conviennent à ce qu’elle est. La dignité renvoie à l’humanité de la personne qui agit, et à l’humanité de la personne envers qui l’on agit. L’origine grecque est plus riche, et nous porte à une autre dimension plus méliorative dans le cadre de l’approche de la personne humaine. En effet, la dignité a comme équivalant axios ("ce qui est convenable, ce qui vaut, ce qui mérite"), et qui a donné également "axiome". Cette origine grecque invite à donner le mérite à la personne, de la considération à la personne et aussi à agir envers elle de manière convenable, lui donner aussi une place convenable.
Il est vrai que la dignité de la personne humaine n’est apparue que récemment en tant que concept de droit positif. Même si certains droits occidentaux étaient imprégnés de la dignité, ce n’est qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale avec ses affres que l’impératif de la dignité humaine a été fortement souligné. Des Conventions, Déclarations et des Constitutions des Etats en font part fortement.
Parlant du fondement juridique, il faut souligner que si la dignité est le fondement le plus profond du droit, il n’est cependant pas évident de le transformer en un concept juridique. Cependant, la dignité humaine est un principe indémontrable étant un dogme premier qui pousse au devoir-être ; c’est un principe indérogeable car nul ne peut renoncer à la dignité de la personne humaine, ni pour autrui, ni même pour soi-même : la personne humaine prime en réalité tous les autres droits et libertés fondamentales ; c’est un principe indicible du fait qu’à défaut de lui donner une définition, le principe de dignité sert à énoncer comment il faut traiter les êtres humains et comment il ne faut pas les traiter.
Parlant du fondement théologique, la doctrine catholique souligne que la personne humaine a une dignité. Cette dignité a pour fondement le fait d’être créé à l’image et la ressemblance de Dieu. La personne humaine et la reconnaissance de sa dignité sont le centre de la pensée sociale ou de toute pensée morale de l’Église. L’homme est sans prix et digne de grand respect de cette dignité inaliénable qui nous met devant des conséquences à la fois théologique, anthropologique et éthique.
Quel lien avec les droits de l’Homme ? La dignité de la personne humaine ne peut pas être qualifiée de droit de l’homme au sens classique du terme. On l’a d’ailleurs parfois qualifiée de droit de l’homme de la "troisième génération" (après les droits civils et politiques de la première génération, et les droits-créances ou droits économiques et sociaux de la deuxième génération). Ce qualificatif est cependant contestable, dans la mesure où, chronologiquement, la dignité de la personne humaine est plus ancienne encore que tous les autres droits de l’homme qu’elle a en réalité fondés et justifiés.
Quelles implications pour le développement durable ? La dignité humaine fondée et impliquant la socialité de l’être humain, poussant à la fraternité, l’égalité et la solidarité/coopération, est liée pour le croyant au principe de la participation, la subsidiarité, la destination universelle des biens de la terre. C’est dire qu’il y a l’exigence pour la justice sociale et solidaire. Comment traiter nos collaborateurs, nos ouvriers ? Savoir promouvoir des traitements humains ; savoir impliquer les autres et qu’ils se sentent impliqués dans les activités de nos entreprises. Il y a l’exigence du salaire juste (qui permet à la personne de se prendre en charge et prendre en charge celles dont elle a la charge) et vital. Ce qui fait qu’il faut développer les emplois viables et durables. Il faut créer les conditions de l’épanouissement humain, social et professionnel en nous et autour de nous.
Comentarios